(baymax) petit coup de frayeur au clair de lune

petit coup de frayeur au clair de lune

Jour de congé. Pourtant, l’ancienne fleur était réveillée avant même que le soleil ne laisse sa place à la lune. Le dos callé contre sa tête de lit, en boule, c’était éclairée par sa lampe de chevet que la demoiselle lisait avec attention un ouvrage commencé il y a peu. Un recueil de contes. Un livre passionnant qui l’aidait à penser à autre chose que ces instants où, en solitaire, elle attendait patiemment que la lune prenne sa place dans le ciel nocturne et qu’elle puisse vaquer à d’autres occupations. Un conte, un deuxième et puis un troisième. Puis, elle put enfin refermer le livre pour se glisser hors de son cocon. Wilhelmina passa tranquillement dans la salle de bains. Elle prit une longue douche, profitant du calme de ce début de soirée. Propre, elle enfila un jean et une tunique. Une tenue féminine à laquelle elle ajouta une paire de petites chaussures à talons. De tout petits talons, nul besoin d’attiser sa maladresse. Puis, de retour dans sa chambre, la brunette ouvrit les volets et un peu ses fenêtres. Un instant, son regard se posa sur les jardins éclairés par l’astre lunaire, leur donnant un air presque mystique. Et c’était décidé, elle fera ses exercices du jour en extérieur.

Will attrapa dès lors l’étui de son violon avant de sortir de sa chambre pour se glisser jusqu’aux cuisines, déserte à cette heure-ci. Déposant son instrument sur l’une des chaises, la demoiselle se prépara un petit déjeuner des plus classiques. Une salade de fruits, du pain de mie passé au grille-pain. Petit déjeuner qu’elle savoura en solitaire à la table de la cuisine alors que son regard se posait à nouveau sur les jardins. Sur les fleurs qui y poussaient. Peut-être en profiterait-elle pour en cueillir quelques-unes à déposer devant quelques portes pour réchauffer les coeurs de leur locataire ? C’était là une habitude que la brunette avait pris peu de temps après son arrivée. Elle ne pouvait se montrer aussi utile qu’auparavant, mais elle faisait de son mieux.

Finalement, le petit déjeuner prit, Wilhelmina nettoya le tout et attrapa à nouveau son étui pour se glisser dans le jardin. Là, sous un arbre éclairé par la lune et les étoiles, l’ancienne fleur sortit son violon et se mit en place. Cela serait un excellent exercice pour les mains, n'est-ce pas ? Alors, elle commença à jouer. Tout doucement, pas trop fort. Une mélodie des plus tendres, nostalgique. Puis, elle ferma les yeux, se concentrant sur la mélodie. Mélodie qui, lentement, se fit bien moins juste. Fronçant les sourcils devant tant d’erreur, Will s’accroupit et tenta à nouveau de jouer quelques notes. Notes qui sortirent affreusement fausses ! Dès lors, la jeune demoiselle commença à trembler. Trembler de crainte face à ce qui se passait. Sa main était engourdie ! Ce n’était peut-être que des fourmis dans ses mains, peut-être lui fallait-il juste un moment pour reprendre après avoir délaissé le violon quelques jours. Seulement, Will n’arrivait pas à penser à tout cela, perdant son sang-froid en s’imaginant déjà le pire.

petit coup de frayeur au clair de lune

C’était l’une de ces nuits où Baymax ne parvenait pas à dormir. Voilà déjà deux heures qu’il était rentré du travail, qu’il avait mangé et s’était mis au lit, conscient du sommeil qu’il avait à rattraper, mais il ne parvenait pas à apaiser son esprit agité, encore trop troublé par les événements qui s’étaient succédés durant la semaine. Allongé dans son lit, les yeux rivés sur le plafond, il entendait la voix de madame Patterson, qui lui demandait quand on la laisserait sortir, et qui était partie d’une façon bien différente que celle qu’elle devait imaginer. Un cancer. Il savait à quel point ces choses pouvaient aller vite, si on ne les remarquait pas assez tôt. Il le savait, mais il avait fallu qu’un autre le dise à sa place, parce qu’il avait eu trop peur de lui causer de la peine.

Il y avait donc eu madame Patterson, et monsieur Walker. Ils étaient assez âgés tous les deux, mais pas le troisième patient qu’ils avaient perdu. Le dernier, au contraire des deux autres, était extrêmement jeune. Il se rappelait de leur discussion, le jour où il était revenu de sa nuit de travail et qu’il avait rencontré une autre patiente qui résidait également au manoir. Baymax savait que sa maladie progressait rapidement, qu’elle ne lui laisserait aucune seconde chance, mais maintenant que la mort avait réclamé son dû, Toma ne parvenait à se tirer une pensée de l’esprit. Une idée tellement simple, mais qui lui faisait si mal qu’elle l’empêchait de dormir, comme à chaque fois. Ils étaient si peu de choses, dans ce monde. Les vies humaines étaient si fragiles.

Après s’être retourné pour la quarante-troisième fois – il avait compté, à défaut de réussir à compter les moutons, chose qu’il trouvait encore absurde, puisqu’il n’y en avait pas – l’infirmer se décida à quitter son lit et à se rhabiller, enfilant un pantalon en se décidant à garder, comme haut, le t-shirt noir qu’il avait enfilé pour dormir, et sur lequel figurait en blanc la célèbre formule E=MC². Un petit tour à l’extérieur ne pourrait pas lui faire de mal, troublé comme il l’était. Cela lui permettrait peut-être d’oublier les pensées inquiétantes qui rendaient le sommeil, et la comparaison que certains en faisaient avec la mort, plus effrayant que toutes les histoires qu’on aurait pu lui raconter.

Perdu dans ses pensées, il laissa ses pas le mener à travers les couloirs, silencieusement, presque inconsciemment, jusqu’à ce qu’il réalise que ses pieds le menaient dans une direction bien précise : celle de la porte des jardins. De l’autre côté, un violon chantait. Il réalisa qu’il n’avait jamais, jusqu’alors, entendu le son d’un violon autrement que dans des vidéos ou sur des disques de musique qu’il écoutait. C’était apaisant. Mais qui jouait ? La curiosité l’incita à pousser la porte qui le séparait des jardins, derrière laquelle il put reconnaître, sous la lueur de la lune, la silhouette de la patiente qu’il avait raccompagnée quelques nuits plus tôt. Pourquoi n’y avait-il pas pensé ? Il avait sans doute l’esprit trop occupé.

Mais rapidement, il sembla y avoir quelque chose d’étrange, aussi bien dans l’air que dans la musique. Il fit quelques pas en la voyant s’accroupir, son cœur soudainement piqué par la peur qui se diffusa en lui, plus vite qu’il ne l’aurait cru, et donna à son palpitant le rythme soutenu qu’il détestait tant. Et ses pensées de s’affoler. Que se passait-il ? Avant que son esprit n’en prenne conscience, il avait rejoint la jeune femme tremblante et s’était approché pour qu’elle puisse le voir, s’inquiétant de ses mains qui semblaient anormalement rigides, peut-être crispées par le stress ou une quelconque réaction à ce qui créait ses tremblements. « Quelque chose ne va pas ? »

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Wilhelmina s’était réveillée un peu plutôt d’ordinaire. Le soleil ne lui permettant pas de réellement vaquer à ses occupations, la demoiselle avait patiemment attendu, niché dans son lit. Elle avait attendu qu’enfin le soleil laisse place à la lune. Lorsque ce fut le cas, elle quitta ses draps, fit rapidement son lit avant de se préparer pour cette nouvelle nuit. L’ancienne fleur avait profité du calme dans le manoir pour prendre tranquillement une douche et se vêtir dans un style des plus classiques entre masculin et féminin. De retour dans sa chambre, la brunette ouvrit ses fenêtres, puis ses volets tout en laissant son regard se perdre un instant dans le jardin. Prendre un peu l’air ne pourrait lui faire de mal. Et puis, le jardin restait son élément, elle ne pouvait y rester loin bien longtemps. Ainsi, agrippant l’étui de son violon, Will était sortie de sa chambre pour se faufiler dans le manoir.

La cuisine du manoir. Ce fut le premier arrêt de la brunette. La pièce était déserte, alors elle profita de l’espace dont elle pouvait disposer en ce début de soirée pour se préparer un petit déjeuner des plus classiques. Elle s’était activée dans le plus grand calme, tentant de faire un minimum de bruit pour ne pas gêner les locataires du manoir qui pouvaient dormir à cette heure-ci. Puis, lorsqu’elle eut terminé, la demoiselle rangea et lava tout ce qu’elle avait pu utiliser. À ce moment, tranquillement et après avoir récupéré son instrument, Wilhelmina s’était glissée dans le jardin. Elle y vagabonda un moment, réfléchissant aux fleurs qu’elle pourrait cueillir un peu plus tard dans la nuit pour les déposer devant des portes comme à son habitude.

Finalement, elle se trouva un coin tranquille sous un arbre éclairé par l’astre lunaire. Wilhelmina n’avait pas mis bien longtemps avant de commencer à jouer une tendre mélodie. Des notes en suspensions qui prirent rapidement une tournure pour le moins étrange. Quelque chose clochait. Fronçant les sourcils, l’ancienne fleur commençait lentement, mais sûrement à perdre son sang-froid alors qu’elle sentait sa main s’engourdir. S’accroupissant dans l’herbe fraîche, elle tenta à nouveau, mais les notes étaient fausses. Will ne parvenait pas à appuyer correctement sur les cordes. C’était peut-être juste un engourdissement, rien de bien grave. Après tout, cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas pris le temps de jouer. Seulement, elle n’avait pas pu s’empêcher d’imaginer le pire.

Tremblante, elle sursauta légèrement en entendant une voix familière à ses côtés. Toma. Son regard aussi perdu qu’humidifié par des larmes naissantes se posa sur l’infirmier avec qui elle sympathisait un peu plus à mesure de leurs rencontres. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, résonnant dans ses tempes. Elle déposa piètrement son instrument sur ses genoux pour glisser son regard vers sa main gauche. ❝ je… je ne sais pas… je n’arrive plus à jouer, à appuyer sur les cordes… ❞ souffla-t-elle paniqué alors que son regard se posait à nouveau sur l’ancien robot. Coup de panique inutile ? Peut-être, mais avec sa maladie, les possibles évolutions négatives, elle ne pouvait tout simplement pas s’en empêcher. Les raisons pouvaient être multiples quant à son « engourdissement », mais son esprit semblait focalisé sur le pire des scénarios.

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Il avait essayé de quitter ses sombres pensées, de les distraire en allant se promener dans les couloirs du manoir, en errant comme il savait si bien le faire, à force de toujours être réveillé par le cours affolant de son esprit. Hélas, il avait échoué. Les promenades et l’air frais de la nuit n’étaient pas suffisants pour éteindre un cerveau qui aurait pu être en veille. Les choses auraient été si simples, si un interrupteur avait permis de modifier le comportement humain comme on le faisait pour les machines. Mais il avait appris, depuis son arrivée dans cette ville, que les humains différaient des robots de bien des façons, et en particulier par leur incapacité à arrêter de penser lorsqu’on le leur indiquait. C’était un système en fonctionnement perpétuel, et le seul moyen de le faire s’arrêter, c’était d’en arracher la vie. Une procédure qu’il détestait, mais qu’il avait déjà vu accomplir par les médecins.

Ce n’est qu’en entendant jouer dans les jardins qu’il commença à songer que, peut-être, il aurait été bon de ne pas déranger la personne qui jouait, même si sa curiosité était plus forte que le reste. Le son était si doux, si mélodieux. L’Homme avait découvert bien des choses, au cours de sa vie, y compris le moyen de faire chanter le bois et la corde. Cela faisait partie de ce qui le fascinait, mais pas autant que découvrir que c’était vrai. Mais cette fascination et ce confort particulier ne durèrent pas longtemps : quand il entendit le son se déformer et qu’il vit Wilhelmina changer d’attitude, il comprit que quelque chose n’allait pas. Sans cela, son écoute silencieuse le serait certainement resté, et il serait retourné sur ses pas sans même la déranger. Il était doué pour ça.

Cependant, il connaissait les conséquences de la maladie de la jeune femme ; elle lui avait déjà parlé de ses mains, comme le médecin qui lui ordonnait souvent de prendre en charge les examens à sa place. Aller vers elle était normal. De plus, il ne pouvait s’empêcher d’être, lui aussi, gagné par une panique naissante, au moment où il constata qu’elle n’allait pas bien. Sa question avait filé plus rapidement qu’il ne l’avait pensée, et maintenant qu’il obtenait la réponse, son inquiétude se calmait doucement. « Calmez-vous. » Ses lèvres se pincèrent alors qu’il essayait de se calmer. Il saisit le violon et l’écarta d’eux, puis s’accroupit pour être à hauteur de la jeune femme et saisit sa main. « Laissez-moi voir votre main. » Sans attendre plus longtemps, il tourna la paume vers lui et entreprit de masser sa main, traçant des cercles de son pouce sur sa paume avec délicatesse en espérant la détendre, avant de remonter le long de chaque doigt. Si ce n’était rien de grave, la circulation allait se normaliser et ses réflexes normaux revenir également. « C’est venu d’un coup ? » demanda-t-il calmement, sans cesser ses gestes. De mémoire, les dégradations étaient progressives… Mais ce n’était pas le moment de s’affoler. « Vous sentez quelque chose ? »

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La douce brise nocturne agitait lentement sa chevelure chocolat. L’odeur des fleurs lui parvenait. La lune l’éclairait. L’instant était paisible, parfait au possible bien que relativement frais. Se glissant sous l’un des arbres du jardin, Wilhelmina s’accroupit le temps de sortir son violon de sa hausse et de déposer cette dernière contre le tronc. Elle se releva rapidement, laissa son regard dériver vers le ciel nocturne pendant un bref instant avant de caler l’instrument à la perfection. Elle fermit doucement ses yeux et commença à jouer. La mélodie s’élevait lentement, perçant le silence de la nuit sans pour autant être trop fort. C’était paisible. Une tendre symphonie. Hélas, la tranquillité fut temporaire. Lentement, la musique dépérie, enchaînant les fausses notes.

Will fronça les sourcils. Quelques choses clochaient. La jeune femme avait de plus en plus de mal à appuyer sur les cordes pour avoir un son correct. À ce moment, fixant sa main droite, l’ancienne fleur commençait lentement, mais sûrement à perdre son sang-froid. Une panique instinctive. Cela n’était sans doute rien de bien grave. Il y avait plusieurs raisons qui expliqueraient les engourdissements dans sa main. La fraîcheur de la nuit, le fait qu’elle n’ait pas joué depuis longtemps. Mais, non, Will n’avait pu s’empêcher d’imaginer le pire. Une dégradation de sa maladie.

Le coeur s’emportant sous la panique, la brunette se laissa tomber à genoux. Le violon sur ses genoux, elle fixait, sa main engourdit avant d’être plus que surprise en entendant une voix à ses côtés. Toma ! Son regard terrifié se posa sur l’infirmier qui lui demandait ce qu’elle avait. Sa voix était tremblante lorsqu’elle lui répondit qu’elle n’arrivait plus à appuyer sur les cordes. Il connaissait sa maladie, la manière dont elle pouvait dégénérer et combien sa panique pouvait être justifié si le pire s’avérait être juste. Et le pire était l’unique scénario auquel elle semblait pouvoir penser à cet instant précis.

Les larmes lui montaient aux yeux sous le coup de la panique alors que Toma lui soufflait de se calmer. Elle hocha faiblement oui et tenta. Tenta. Seulement, c’était bien plus difficile à faire qu’à dire. Tremblante comme une feuille, au bord des larmes, elle regarda l’infirmier s’accroupir face à elle et éloigner son violon pour prendra sa main dans la sienne. Elle le regarda masser sa main endolorie avant de remonter son regard vers le visage de l’ancien robot. Venu d’un coup ? Wilhelmina réfléchit longuement. ❝ je… et bien… il me semble… j’arrivais à jouer et la note suivante était sortie fausse… de plus en plus fausses... ❞ murmura-t-elle alors que quelques larmes lui échappaient.

L’ancienne fleur essuya rapidement les quelques larmes d’un revers de sa main libre et se concentra à nouveau sur la seconde interrogation de Toma. Sentait-elle quelque chose ? Elle ne savait pas trop… Elle devrait, n’est-ce pas ? Paniquée, elle regarda sa main, tentant de se concentrer dessus. ❝ je… je crois... ❞ murmura-t-elle difficilement, hésitante. Elle avait l’impression de ressentir une pression, ou au moins la morsure du froid. Mais elle craignait que cela ne soit qu’une impression à cet instant précis.

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Gérer le stress des patients en crise était une habitude pour Baymax. Il avait des difficultés à aider les gens à se calmer, mais il parvenait sans peine à ne pas se laisser trop affecter par les mouvements de panique qui ne le concernaient pas directement. Ainsi, sans attendre, il s’était approché de Wilhelmina afin de l’aider à reprendre ses esprits et à ne pas sombrer irréversiblement dans l’angoisse. Il lui posa des questions choisies avec soin, s’assurant que ses mains n’étaient pas anormalement raides ou ses réflexes trop mous, et quand il obtint ses réponses, il essaya de recouper ces informations avec ce que ses propres mains sentaient en touchant celles de la jeune femme. Silencieusement, il hocha la tête. Donc, c’était arrivé assez soudainement, non pas progressivement.

« Votre main est peut-être juste engourdie. » dit-il en un très léger sourire, alors qu’il entreprenait de masser la main de la violoniste. « Calmez-vous, ça va revenir. » Appliqué dans sa tâche, il essaya de réfléchir à ce qui aurait pu provoquer cet engourdissement soudain. C’est en posant les yeux sur l’instrument de musique, et plus particulièrement sur ses cordes, que la pièce sembla tomber. « Vous appuyez peut-être trop sur les cordes, quand vous jouez. Ça pourrait être la cause de l’engourdissement. » dit-il en reposant les yeux sur elle, de son ton calme et grave que de nombreux passants trouvaient rassurant. « Essayez de la bouger un peu, maintenant. »

Laissant à la main de la jeune femme sa liberté, Toma joignit ses propres mains et attendit que la malade s’exécute. Si son diagnostic était le bon, elle devrait doucement retrouver la mobilité de sa main et sa sensibilité. Soudainement, une pensée lui vint à l’esprit, alors qu’il sentait quelques poils se dresser sur ses avants bras découverts. « Vous avez peut-être trop froid, aussi. » dit-il finalement. « Si votre circulation sanguine est mauvaise, ça peut également favoriser l’engourdissement. » Mais sans doute parlait-il trop, une fois de plus.

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Se laissant doucement tomber sur le sol sous le grand arbre du jardin, Wilhelmina commençait lentement, mais sûrement à perdre son sang-froid. Le violon dont elle jouait quelques secondes auparavant reposait à présent à ses côtés alors qu’elle fixait longuement ses mains. Elle sentait à peine ses doigts, n’arrivait plus à jouer de son violon. Quelque chose clochait ! C’était une des possibilités des évolutions négatives de sa maladie. Une simple idée qui avait complètement fait perdre son sang-froid la demoiselle. Cela pouvait être tout autre chose, mais c’était cette idée qui semblait s’imposer dans son esprit. Elle s’imposait tellement qu’elle avait sursauté lorsque Toma annonça sa présence à ses côtés. Le médecin tentant aussitôt de la rassurer. Elle le laissa donc prendre sa main pour la masser alors qu’elle tentait de répondre à ces questions. Mais, comment se concentrer ?!

Elle expliqua difficilement qui ce qui s’était  produit alors que des larmes lui échappaient. Larmes qu’elle essuya d’un revers de sa main libre pour tenter de se concentrer sur l’interrogation suivante de l’infirmier. Est-ce qu’elle ressentait quelque chose ? Difficilement, elle tenta de se concentrer sur sa main avant de lui répondre. Elle avait l’impression de sentir une petite pression. C’était une bonne chose, n'est-ce pas ? Elle se calma lentement, bien que difficilement. Lorsque Toma lui souligna les possibilités d’un tel engourdissement, Will sembla s’apaiser un peu plus. Un point de vue professionnel était bien plus rassurant des idées qui se bousculaient dans son esprit. Elle Souria un peu au brunet et acquiesça lorsqu’il lui demanda de bouger sa main. Bien que tout d’abord craintive, elle s’exécuta.

Le soulagement fut immédiat. Bien que légèrement engourdi, elle avait de nouveau des sensations dans le bout des doigts. ❝ Merci beaucoup, Toma… J’aurai continué de perdre son sang-froid sans vous… ❞ souffla-t-elle faiblement avec un sourire de reconnaissance se glissant sur ses lèvres. En effet, elle n’aurait pas réussi à se calmer sans l’intervention et le soutien du jeune homme. Comme quoi, il était bien plus doué avec les interactions sociales qu’il ne semblait le dire à leur dernière rencontre..  

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Aider une personne en détresse avait semblé totalement normal aux yeux de Baymax. C’était encore plus normal à partir du moment où cette personne était une patiente qu’il avait déjà examinée à plusieurs reprises pour une maladie dégénérescente aux conséquences atroces. S’il était vrai qu’il allait tout naturellement vers les personnes qui pouvaient avoir besoin de lui, il le faisait encore plus facilement lorsque la situation le demandait. Il ne pouvait pas faire grande chose ici, en plein milieu du jardin du manoir, sans le matériel et les médicaments dont ils disposaient à l’hôpital, mais il pouvait au moins essayer d’apporter un peu d’aide à Wilhelmina.

« Ne me remerciez pas, c’est normal. » Il se rappelait devoir attendre que le patient soit satisfait de ses soins pour se reposer, dans le temps. Désormais, c’était différent. Il n’aimait pas qu’on le remercie pour ce qu’il avait fait. Il trouvait cela normal, et il ne comprenait pas pourquoi tous les Hommes n’avaient pas l’idée d’apporter leur aide à ceux qui en avaient besoin. Cela ne coutait pourtant rien, la plupart du temps !  « Vous devriez essayer de jouer plus doucement, ça vous épargnera d’autres frayeurs. »

Un sourire timide aux lèvres, il s’installa sur le banc voisin, prenant soin de ne pas abîmer l’instrument qui s’y trouvait avant de lever les yeux vers la patiente, sa curiosité revenant au galop, comme souvent depuis quelques temps. « Que jouiez-vous ? » demanda-t-il finalement, en tendant à la jeune femme l’instrument dont il ignorait tout. Sa culture était à faire dans bien des domaines, à commencer par les arts. L’interprétation et la perception n’étaient malheureusement pas des domaines qu’il avait appris à connaitre.

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Paniquée, Wilhelmina n’aurait jamais cru capable de pouvoir se calmer. La peur au ventre, tremblante de peur, incapable de retrouver un minimum de calme alors que Toma se plaçait à ses côtés. Un examen primaire, quelques questions et il commença lentement mais sûrement à proposer des explications tout à fait possible et bien moins terrifiant que celle qui hantait l’esprit de la jeune femme. Elle se voyait déjà condamnée, sa maladie dégénérant jusqu’à ce que respirer devienne difficile et enfin la fin. Elle avait déjà imaginé tout le processus de dégénérescence dont lui avait parlé le médecin, perdant son sang-froid un peu plus. C’était bête, stupide de s’emporter ainsi alors que nombre d’explications étaient possibles face à l’engourdissement de ses mains. Seulement, il fallait croire que l’avis d’un expert comptait bien plus pour la demoiselle. Toma était un infirmier, ses explications pesaient plus dans la balancer et il avait lentement su l’apaiser, lui démontrant que la manière dont  l’engourdissement s’était imposé, il n’était pas possible que ce soit la maladie qui s’étend, mais bien plus le résultat de la température en cette douce nuit ou bien encore, car elle avait joué trop fort sur son violon.

Le tout dit, le soulagement fut immédiat ! Will remercia bien entendu l'ancien robot alors qu’un sourire timide se glissait sur ses lèvres. Lui qui doutait des interactions sociales, il était bien plus doué qu’il ne semblait le croire. Après tout, il avait tout fait pour l’apaiser en un temps record, n'est-ce pas ? Et pour cela, elle ne pouvait lui être que reconnaissante.  ❝ je… je vais essayer. ❞ murmura-t-elle timidement aux conseils du jeune homme. Elle le suivit du regard alors qu’il prenait place à ses côtés, un sourire aux lèvres. Bien que ce dernier soit timide, il était rafraîchissant de la part de l’infirmier dont elle lui connaissait bien plus souvent un visage impassible.

Ce qu’elle jouait ? La demoiselle resta un bref moment silencieux, prenant le violon pour en caresser doucement le bois de l’instrument. Lentement mais sûrement, elle sentait à nouveau la subtilité de ce dernier sous ses doigts. ❝ Claire de lune… de euh… Debussy. ❞ répondit-elle avec un sourire tendre aux lèvres en fixant un moment l’instrument. Puis, son regard se posa à nouveau sur Toma. ❝ vous aimez la musique classique ? ❞ souffla-t-elle curieuse.

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La musique, ce n’était pas un domaine que Baymax connaissait bien. Il avait déjà, à de plusieurs reprises, écouté de vieux disques de musique classique, et il y avait généralement trouvé un grand réconfort. Le fait que des hommes et femmes parviennent à produire des sons aussi particuliers au départ d’éléments morts comme le bois et le métal était une chose incroyable à ses yeux d’ancien robot. C’était une petite merveille de la nature, un exploit qui allait bien au-delà de ce qu’il aurait pu comprendre en tant que machine, car il n’était alors pas capable de saisir toute la beauté de la chose. Tout au plus, il aurait pu affirmer que telle ou telle composition était correcte, harmonieuse, en se basant sur des formules purement logiques, des raisonnements formatés, cohérents. Mais la beauté de la musique, il ne l’aurait jamais connue.

Une chance que celle-ci l’ai attiré dans ces jardins. Sans cela, Wilhelmina aurait sûrement été la victime malheureuse d’une véritable crise d’angoisse et personne n’aurait été présent pour la rappeler à la raison. Les yeux perdus sur le bois du violon, Toma se contenta d’une petite question, estimant qu’il n’était pas nécessaire de chercher plus loin dans les causes de l’engourdissement. Tout était présent sous leurs yeux : le froid, le violon. Il n’en fallait pas davantage.

« J’en écoute parfois. » répondit-il en scrutant du regard le bois du violon, sachant qu’il aurait été tout bonnement incapable d’en jouer lui-même. « Mais je n’y connais pas grand-chose. Je serais même incapable de vous donner des titres. » C’était la vérité. Les morceaux qu’il écoutait, s’il savait qu’ils avaient été composés par un être humain important, des années auparavant, ne portaient à ses yeux aucun visage. Ce n’était qu’un enchaînement de notes bien réalisé, qui parfois suscitaient chez lui une émotion soudaine. « En fait, il y a beaucoup de domaines où je ne connais rien. » admit-il finalement, en un rire gêné. Il apprenait vite, mais limitait ses recherches aux domaines qui lui étaient utiles : l’informatique, la médecine. Les arts étaient, comme bien d’autres choses, hors du cadre.

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Il s'en était fallu de bien peu pour que Wilhelmina commence à perdre son sang-froid alors que la sensation de ses mains commençait à disparaître. Quelque chose n'allait pas. Elle s'imaginait déjà le pire. En même temps, dans son état, ce n'était pas bien compliqué. Heureusement, Toma passait par là et l'avait rapidement rejoint. Sa présence tout comme son expertise la rassura rapidement. Il lui avait massé la main, tentant d'y faire réveiller quelques sensations alors qu'il lui expliquait les possibilités de l'engourdissement de cette dernière. Ce n'était pas grand-chose en fin de compte. Will se sentit aussitôt extrêmes soulagée alors dont l'infirmier prenait place à ses côtés pour discuter avec elle.

Délaissant le sujet de sa santé, il parla musique. Par curiosité ou bien juste dans l'espoir de l'apaiser, peu importe cela fonctionnait. Il lui demanda ce qu'elle venait de jouer ce à quoi elle répondit naturellement après un regard en direction de son instrument. Du Debussy, rien de plus classique. Puis, reposant son regard sur le jeune homme, Will se montra curieuse à son tour en lui demandant s'il aimait la musique classique. Après tout, il y avait tant de genres de musiques, tant qu'elle découvrait encore aujourd'hui.❝ je peux, vous en conseillez, si vous voulez ❞ souffla-t-elle avec un faible sourire. Elle avait des connaissances, certes limité, mais elle avait quelques CD dans sa chambre qui pourrait, peut-être, plaire à l'infirmier.

Un sourire se glissa sur les lèvres de l'ancienne fleur lorsque Toma ria de manière gênait. Beaucoup de choses dans lesquelles il ne connaissait rien ? Eh bien, ce n'était pas tant une surprise. Will était dans la même situation.  ❝ c'est compréhensible... peut-être que l'on pourrait s'entre-aider. il a beaucoup de domaines qui est un mystère aussi pour moi. je pourrais au moins vous aider en arts, en musique tout du moins et en botanique aussi si c'est un sujet qui vous passionne. ❞ proposa-t-elle quelque peu gênée.

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Lui conseiller de la musique ? La proposition le surprit un peu Toma. Son regard resta un instant arrêté sur la jeune femme, alors qu’il réfléchissait, comme si on venait de lui offrir un trésor légendaire. Les cadeaux n’étaient pas choses courantes, dans sa vie antérieure, et il ne possédait pas suffisamment d’amis dans cette nouvelle pour en avoir reçu beaucoup depuis qu’il était humain. Pourtant, il considérait cette proposition comme un présent, dans un certain sens. Il doutait, de toute façon, que la jeune femme lui propose cela avec de mauvaises intentions. « Je veux bien, oui…Enfin, si ça ne vous dérange pas. » Il l’espérait de tout cœur, en tout cas. Hochant doucement la tête, il lui rendit un sourire discret, avant de rire, un peu mal à l’aise face à sa propre ignorance.

La proposition suivante lui arracha un nouveau sourire. Sa mémoire, hélas, lui fit un instant défaut. « Vous vous y connaissez en botanique ? » Son regard s’arrêta un instant sur le visage de la jeune femme, avant que ses sourcils ne se froncent, une ridule apparaissant au milieu de son front. « Désolé, je… Ma mémoire me joue parfois des tours. » Comment pouvait-il oublier des détails comme ceux-là ? C’était comme oublier qu’il avait été une machine destinée à soigner les autres. Un petit soupir fuit entre ses lèvres alors qu’il relevait les yeux. « Je connais principalement l’informatique et la médecine… » Mais... « Ce n’est sûrement pas d’une grande utilité. » La médecine était utile, certes, mais elle était inaccessible à tout un chacun. L’informatique, c’était une chose répandue, à cette époque. Il lui était difficile de comprendre comment les autres fonctionnaient et ce dont ils avaient besoin. « Mais j’aime beaucoup apprendre, même si c’est plus difficile qu’avant, alors pourquoi pas ? » Si cela pouvait lui permettre de ne pas passer ses nuits entières à se tourner et retourner dans son lit en écoutant les battements de son cœur, il serait ravi de lui tenir un peu compagnie. Sa maladie ne devait pas lui simplifier la tâche. Il reposa finalement les yeux sur la jeune femme et son violon. « Vous ne devriez pas rester dehors par ce froid. » Et pour sa part, il commençait enfin à fatiguer, il n’allait pas tarder à rentrer.

petit coup de frayeur au clair de lune

Le calme avait repris sa place dans le jardin du manoir, en cette douce nuit. Le coeur de Wilhelmina semblait retrouver un rythme bien plus convenable alors que sa respiration faisait de même et que l’infirmier prenait place à ses côtés. Elle ne sait vraiment pas ce qu’elle aurait pu faire sans lui, sans son expertise et sa présence rassurante. Elle aurait certainement laissé à la panique qui avait commencé à la dévorer peu de temps avant l’arrivée de l’ancien robot. À présent, Will pouvait s’entendre penser, oublier la désagréable sensation dans sa main qui se dissipait lentement et par la même occasion aborder d’autres sujets avec Toma. En toute simplicité. Elle lui souffla qu’elle était en train de jouer du Debussy avant que la crainte ne la gagne. Seulement, l’infirmier ne semblait pas être réellement familier avec la musique classique. Ce n’était pas bien grave. Nous avions tous nos lacunes. Will, elle, n’était familière qu’avec la musique et la botanique. Deux domaines qui avaient bercé son ancienne existence. Alors, elle pouvait bien donner quelques conseils musicaux à son ami, lui faire découvrir quelques morceaux qu’elle affectionnait, elle aussi. ❝ cela ne me dérange pas le moins du monde, bien au contraire.❞ souffla-t-elle.

Un sourire se glissa sur les lèvres de l’ancienne fleur. Un sourire qui se voulait réconfortant aux paroles de Toma. Il n’était guère le seul à avoir bien des lacunes. Ce monde, cette vie. Cela pouvait être déstabilisant pour plus d’une personne. Lui comme elle pouvait le constater. Elle pouvait le comprendre. Elle lui proposa donc de s’entre aider, de « s’enseigner » les matières qu’ils connaissaient et s’aider pour celle qu’ils ne maîtrisaient pas le moins du monde. Son sourire s’élargissait, compatissant lorsqu’il sembla surprit qu’elle s’y connaisse en botanique. Problème de mémoire. ❝ ce n’est rien. Cela arrive. ❞ souffla-t-elle doucement. Informatique et médecine ? Des domaines importants dans ce monde. Ce n’était pas rien. ❝ bien au contraire. Tout semble informatisé ici et je sais à peine manier leur outil de communication. ❞ Les portables. Et ce surtout parce qu’elle avait eu de l’aide. Même pour ses cd, elle utilisait tourne-disque et vinyle. Elle se sentait plus à l’aise avec. ❝ c’est parfait dans ce cas. j’aime aussi apprendre même... ❞ Même si ce qu’elle apprenait pourrait ne pas lui être utile bien longtemps.

❝ oh. Vous avez raison. ❞ souffla-t-elle faiblement avant d’entreprendre de ranger son violon et de se lever. ❝ nous pouvons rentrer ensemble. Je pourrai même déjà vous donner quelques-uns de mes albums ou bien des titres… enfin, si vous le souhaitez. ❞ proposa-t-elle avant d’attendre sa réponse pour s’avancer lentement vers le manoir.

petit coup de frayeur au clair de lune

Face au monde dans lequel il avait atterri du jour au lendemain, Toma se sentait parfois comme un enfant à qui il fallait tout apprendre. Il ignorait comment fonctionnait la société, comment réagissaient les gens. Il ne savait d’eux que leur mécanismes internes, leurs douleurs, leurs besoins. Il pouvait aider ceux qui avaient besoin de lui, mais cette aide avait des limites, des murs contre lesquels il butait à chaque fois qu’il essayait d’être plus utile, plus présent, plus aimable. Les gens n’avaient pas changé, pourtant. C’était lui. Sans ses circuits, ses bases de données, sa mémoire... Qu’était-il censé faire ?

C’est là qu’arrivait l’aide de personnes comme madame Flower, dont la gentillesse et les paroles étaient le meilleur traitement qui existait contre les difficultés qu’il rencontrait lors des rendez-vous et des examens. Tous les patients n’étaient pas râleurs et agacés, heureusement. Et la proposition de la jeune femme de partager un morceau de culture avec lui n’aurait pu le rendre plus heureux qu’au moment où il reprit la parole, un petit sourire aux lèvres. « Alors ça sera avec plaisir. » La joie, il la reconnaissait déjà depuis longtemps.

Et voilà qu’il la remerciait en oubliant les raisons pour lesquelles Wilhelmina n’était pas étrangère à la botanique. C’était évident. Pourtant, dans un moment d’égarement, l’information avait glissé ; elle s’était égarée dans un coin sombre de sa mémoire, là où il ne pouvait la retrouver. Ce genre de choses n’arrivaient pas, quand il était un robot. Du moins, pas aussi souvent que maintenant. C’était toujours aussi troublant. « C’est vrai… » Un petit rire lui échappa avant qu’il ne reprenne la parole. « Mais de ce que j’ai vu, les robots comme moi… » Il marqua un temps d’arrêt, fronçant les sourcils. « Comme Baymax… Ils n’existent pas encore. Enfin, ils ne sont pas aussi avancés. » Parler de son passé de robot était étrange. Son cœur se serra un instant, mais il ne pouvait nier l’évidence : cette vie mécanique n’existait plus désormais. « Mais je vous aiderai dans ce cas. »

L’instant suivant, il se redressa pour souligner le froid qu’il faisait dehors. Son regard se posa sur la jeune femme qui approuvait. Il hocha un peu la tête à sa proposition. « Je veux bien, oui. Je doute de réussir à m’endormir tout de suite, de toute façon. » Il ne se connaissait que trop bien, avec ses insomnies. C’est pourquoi, sans attendre qu’elle insiste, il prit la suite de Wilhelmina. Soudain, une question lui vint à l’esprit. Une question sans doute indiscrète. « Vous… vivez la nuit, alors ? » Il ne le réalisait que maintenant. Les patients atteints du même mal avaient des modes de vie très différents, mais la vie nocturne était l’un de ceux qui lui avaient échappé.

petit coup de frayeur au clair de lune

L’entraide. Une vision à laquelle Wilhelmina croyait dure comme fer et ce depuis aussi longtemps qu’elle se souvenait. Après tout, elle avait aidé la vie tout au long de sa précédente existence. Que ce soit sous forme de fleur, en sauvant une vie ou en partageant son existence avec Raiponce. Son existence n’avait été qu’entraide. C’était pourquoi il lui semblait naturellement de proposer cela à Toma. Elle lui apprenait quelques notions de musique et pourquoi pas de botaniques en échange de conseils aussi bien médicaux qu'informatiques. Après tout, ce monde contrairement à son précédent était informatisé à l’excès. La technologie était absolument partout et cela ne semblait pas près de changer. Will connaissait les basiques quant à ses outils, seulement il était clairement visible qu’elle n’était pas à son aise avec ces derniers. Aussi fut-elle ravie lorsque l’ancien robot accepta sa proposition et elle le remercia d’un sourire sincère.

L’instant suivant, Toma souligna qu’il était temps de rentrer. Il n’avait pas tort, l’air se rafraîchissait et même si pour elle la nuit ne faisait que commencer, elle ne passerait pas cette dernière dans les jardins. Aussi, elle proposa à Toma de faire un bout de chemin ensemble jusqu’à leurs chambres respectives. Elle pourrait en profiter pour lui donner quelques albums pour commencer l'instruction musicale de ce dernier. Chose qu’il sembla accepter également. Alors, elle rangea rapidement ses affaires et marcha à ses côtés jusqu'à la grande demeure, puis dans les couloirs de cette dernière. ❝ certaines mélodies aident à s’endormir tant, elles sont apaisantes.❞ Souligna-t-elle avec un petit sourire tout en acquiesçant. Elle l’utilisait régulièrement pour éviter d’avoir à prendre trop de somni-fière lorsque le sommeil lui faisait défaut.

Se glissant dans les couloirs du manoir, Wilhelmina se pinça les lèvres à l’interrogation de l’infirmier. ❝ en  effet. c’est un peu contraignant, mais j’ai fini par m’y habituer.❞ Si tenté, est qu’il était possible de réellement et complètement s’habituer à cela, à ce mode de vie en total opposé à celui des autres.