Le gamin ressemble au Frisé. C’est la seule chose à laquelle elle pense tandis qu’elle fond comme un aigle sur le grand type qui est en train de menacer le maigrelet avec un petit canif. Il tremble, il commence à sortir son porte-monnaie ; sans doute qu’il préfère sacrifier l’argent que sa mère lui a donné pour goûter plutôt que de se mettre à dos le caïd des rues. C’est plus fort qu’elle. Rhiannon s’arrête, et comme une furie, saute sur le dos de l’attaquant et entoure son cou de ses bras fins. Désarçonné, il laisse le temps au gosse de s’enfuir en courant sans demander son reste. D’un mouvement violent, il envoie la fée valser par terre, mais elle ne se laisse pas prendre de court. Aussitôt sur ses pieds, elle frappe ; du poing, du pied, elle griffe et elle mord quand elle a l’occasion. Elle sait qu’il y a des techniques plus civilisées, mais elle voit trop rouge pour s’en occuper. Furibonde, elle maudit le lâche qui ose s’attaquer aux enfants avec une arme pour leur voler l’argent qu’ils n’ont pas.
Le gamin aurait pû être un des garçons perdus. Ca la scie en deux de penser qu’ils pourraient être dans le coin, esseulés et sans défense, à la merci des fauteurs de troubles comme celui-ci. Alors elle ne songe pas une seule seconde aux lois qu’on lui a mille fois expliquées, au danger dans laquel elle se met, ou aux bleus qui noirciront sa peau demain. Elle pense à la justice dure et rapide, à l’épée affutée qui doit toujours tomber sur ceux qui font du mal aux autres.
Quand la police l’embarque pour l’emmener auprès d’Adélaïde, elle fulmine. Tink s’est trop de fois retrouvée dans cette station, en face de l’agente, et en position de fautive. Agaçant, à la longue, que personne ne comprenne.
« Tu peux t'installer. » Rhiannon s’exécute sans un mot. Adélaïde est sa préférée, mais son air exaspéré lui donne l’air d’une mère qui punirait son enfant. La fée déteste ça.
Ca fait bien longtemps qu’elle a grandi et qu’elle sait ce qu’elle fait. « Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu t'es bagarrée ? » Est-ce que ça compte ? Est-ce que ça change quelque chose ? Ses lèvres restent soigneusement closes. La lassitude enveloppe tout son corps ; elle est fatiguée d’être considérée coupable quand elle ne fait que défendre ce qui est juste. Les lois d’ici sont complètement stupides.
« Dis-moi tout. Je ne suis pas ton ennemie mais tu ne m'aides pas des masses à recommencer les mêmes bêtises. » La fée, dans une ancienne habitude, ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel avec un soupir exaspéré. Elle répond presque aussitôt, boudeuse et tranchante.
« Si je recommence à chaque fois c’est que rien ne change. Je n’arrive pas à comprendre en quoi c’est juste que je sois ici, encore une fois. Je ne fais que rétablir la justice. » Elle sait qu’elle a déjà eu cette conversation avec Adélaïde, que la flic prend des risques pour s’occuper d’elle à chaque fois, qu’au fond, elle a les meilleures intentions. Ce n’est juste pas suffisant pour apaiser le brasier qui l’incendie par tous ses pores dès qu’elle est témoin d’une horreur qu’elle est capable d’empêcher. Jusqu’au jour où elle rencontrera plus fort qu’elle.
« Dis-moi au moins que vous l’avez arrêté en même temps, le type que j’ai remis à sa place. Il ne l’a pas volé. » Cette fois, elle regarde directement dans les yeux d’Adélaïde, elle laisse un peu tomber sa bravado. Ce qui compte, c’est que l’attaquant soit hors d’état de nuire.
Que tout cela ne soit pas en vain. Elle en a assez de battre des ailes dans le vent, la petite fée.
codage réalisé par Wuthering
sorry pour cet affreux retard je serai plus rapide la prochaine fois, promis